Handicap : Hausse en trompe-l’œil de l’AAH

L’allocation adulte handicapé (AAH) va être revalorisée de 90 euros d’ici 2019 dans le cadre du projet de loi des Finances pour 2018. Une hausse qui va se faire en deux étapes : au 1er novembre 2018 l’AAH sera augmentée de 50 € pour atteindre un montant de 860,89 euros contre 810 euros précédemment et elle sera également augmentée de 40 euros supplémentaires au 1er novembre 2019, pour atteindre les 900 €.

Cette annonce n’a toutefois pas eu le retentissement attendu dans le monde du handicap. Elle a même déclenché un bras de fer entre le gouvernement et les associations. Plusieurs d’entre elles (APF, Unafam, Unapei, AFM-Téléthon …) parlent d’une stagnation voire un recul du pouvoir d’achat pour plus de 500 000 personnes en situation de handicap ou atteintes de maladie invalidante.

En cause trois mesures collatérales introduites discrètement par l’exécutif et qui vont limiter ou annuler l’impact de la revalorisation pour certains, faire perdre des ressources à d’autres :

 

1. Les allocataires de l’AAH vivant en couple : pas de gain en pouvoir d’achat pour 230 000 personnes !

Le gouvernement a décidé le gel du plafond de ressources appliqué au couple sans répercuter la hausse annoncée dans le plafond. Mécaniquement, les couples ne bénéficieront donc pas d’augmentation de leur pouvoir d’achat, ces nouveaux modes de calcul neutralisant la revalorisation.

Le niveau de ressources garanti à un couple comptant un bénéficiaire de l’AAH s’établit aujourd’hui à 2 fois celui d’une personne isolée. Le Gouvernement entend baisser ce niveau pour le rapprocher de celui des autres allocations individuelles de solidarité. Pour le RSA se niveau est à 1.5 fois celui d’une personne isolée. Le choix a été fait par le Gouvernement d’abaisser le plafond progressivement à 1.9 puis à 1.8 à l’horizon 2019.

De nombreuses associations mettent en avant le chiffre de 230 000 personnes impactées.

 2.    Les bénéficiaires du complément de ressources : perte très significative de pouvoir d’achat ou très peu de gain pour 65 000 personnes !

Le gouvernement prévoit la fusion des deux compléments d’AAH (majoration pour la vie autonome de 104,77 euros par mois et complément de ressources de 179,31 euros par mois). Cette fusion s’alignerait sur le montant le plus faible des deux. Les critères d’éligibilité à ces compléments étant différents, cette fusion entraînera au mieux un gain de pouvoir d’achat à la fin du quinquennat de 15 euros par mois, au pire une perte de près de 90 euros par mois (perte de la garantie de ressources, droit acquis en 2005).

 3.    Les personnes en emploi titulaires d’une pension d’invalidité : perte substantielle de pouvoir d’achat pour 250 000 personnes !

Les pensions d’invalidité n’ont été revalorisées que de 1 % en quatre ans. Le gouvernement prévoit qu’à compter du 1er janvier 2018, la prime d’activité pour les salariés bénéficiant d’une pension d’invalidité sera supprimée soit une perte moyenne de pouvoir d’achat de 158 € / mois.

 

Sans compter les pensionnés d’invalidité qui ne peuvent travailler et les aidants percevant le dédommagement Prestation de compensation du handicap (PCH) qui sont actuellement assujettis à la CSG. Ces derniers seront impactés de plein fouet par son augmentation, sans qu’aucune compensation n’ait été prévue.

Ces décisions sont contradictoires avec les engagements d’Emmanuel Macron pour l’amélioration du pouvoir d’achat de TOUTES les personnes en situation de handicap.

 

 

Une pétition lancée par de nombreuses associations est à signer ici : https://www.change.org/p/handicap-maladie-stop-precarite

 

 

 

 

Cet article a également été publié dans la revue Démocratie & Socialisme de Décembre 2017 :

 

 

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