« Elle s’appelle Sabine », le documentaire de Sandrine Bonnaire sur sa soeur autiste


Résumé du film :

L’actrice Sandrine Bonnaire a une sœur, Sabine. Huitième d’une fratrie de onze enfants, Sabine, 38 ans en 2011, est autiste. Depuis vingt-cinq ans, Sandrine filme sa sœur et réalise ici un portrait bouleversant. Le récit de son histoire à travers des archives personnelles, filmées par la comédienne sur une période de 25 ans et le témoignage de sa vie actuelle dans une structure adaptée. Ce film révèle une personnalité attachante, dont le développement et les dons multiples ont été broyés par un système de prise en charge défaillant.
Après un passage tragique de cinq longues années en hôpital psychiatrique, aujourd’hui Sabine reprend goût à la vie dans un foyer d’accueil en Charente, même si ses capacités restent altérées. Une démonstration par l’exemple de la pénurie de centres spécialisés et de ses conséquences dramatiques.

Elle s’appelle Sabine a reçu le prix de la Fipresci à la Quinzaine des Réalisateurs lors du festival de Cannes 2007.

elle s'appelle sabine affiche autisme

Sandrine Bonnaire évoquant le film :

 » L’idée de faire ce film est venue pendant l’internement de Sabine qui a duré cinq ans et qui l’a très vite transformée. J’étais très nostalgique de sa beauté et de ses capacités antérieures. Je me suis replongée alors dans les images que j’appelle aujourd’hui « images d’archives », pour essayer de comprendre pourquoi et comment on avait pu en arriver là. C’est un sentiment de colère et d’injustice qui m’a décidée à faire le film.

Je suis sûre que si Sabine avait été diagnostiquée plus tôt — à l’époque, on disait « handicapés mentaux » —, si elle avait été prise en charge précocément dans un centre comme celui où elle vit désormais — et qui travaille en partenariat avec l’hôpital d’Angoulême — elle n’en serait pas là.
L’hôpital n’est pas un lieu de vie, c’est un lieu de soins et de transition. Personne ne doit vivre à l’hôpital. L’enfermement pour Sabine, c’était comme un cercle sans fin : plus elle était angoissée, plus elle était violente. Plus elle était violente, plus on lui donnait des médicaments qui lui faisaient perdre ses capacités, jusqu’à devenir incontinente. On nous disait : « C’est la maladie qui progresse. » Mais aujourd’hui elle n’est plus du tout incontinente ! Il y a chez Sabine — et on le voit dans le film — une part de vitalité très forte. Et en travaillant sur cette vitalité, on aurait pu réduire cette part plus sombre qui l’habite.

Le film a fait beaucoup de bien à Sabine, car il l’a renvoyée à ce que nous faisions avant, avec cette caméra qui était un personnage à part entière entre nous deux. Pendant nos voyages particulièrement, où quand elle venait nous voir à la maison. Je la filmais en train de jouer des textes sur lesquels je travaillais pour un rôle. En fait, j’ai commencé à la filmer pour qu’elle ait un souvenir des voyages que l’on faisait ensemble, qu’elle garde une trace de tout ça. La première fois, c’était aux Antilles, après c’est devenu presque expérimental, pour voir son évolution, mais pas du tout dans l’idée d’en faire quelque chose. Heureusement que j’ai ces images aujourd’hui, car sans elles je n’aurais pas pu faire ce film. »

Mon avis :

Bouleversant et criant de vérité, voilà comment résumer ce documentaire de Sandrine Bonnaire.
J’ai travaillé avec des enfants, adolescents et adultes autistes et j’ai, durant ma formation d’éducateur été en stage notamment dans une structure comme celle où réside Sabine actuellement.
Constat : le nombre de places sont très insuffisante et les établissements spécialisés ont des listes d’attentes très longues. Ainsi les parents d’enfants autistes (pour ne citer que ce handicap) doivent les garder à leur domicile (imaginez la difficulté de vivre et s’occuper de son enfant porteur de ce handicap 24h/24) et parfois faite de solution, ces personnes doivent être admises dans des hôpitaux psychiatrique alors que ces établissements de sont bien souvent pas du tout adaptés à elles et le pire c’est que le coût du prix de journée est beaucoup plus élevé dans un hôpital psychiatrique que dans un établissement adapté.

5 Comments

  1. Bonjour,
    Nous avons vu votre film très touchant. Je suis maman d’une fille X fragile avec des syndromes autistiques mais sans violence. Je suis attristée de voir cette évolution de Sabine qui je pense aurait du être beaucoup plus écoutée à l’époque ou vous avez perdu votre frère. Nous avons hélas que la solution médicamenteuse pour atténuer la violence. Nous avons une grande chance que notre fille a plutôt un tempérament doux et est plutôt docile. Merci en tous les cas pour votre courage de montrer votre sœur, pleine d’intelligence et d’une grande beauté!

    • Réponse @Tort, il n’y a pas que les médicaments pour faire baisser la violence, il suffit de se pencher sur l’approche comportementale par exemple. Mais c’est peu médiatisé puisqu’en France il y a peu de gens formés. Encore moins les institutions qui ne veulent pas en entendre parler et préfère les médicaments.
      Beau film, je suis sidérée par le charme et la vitalité de Sabine. Pourvu qu’elle continue à s’améliorer suite à sa période sombre suite à sa prise en charge…. typiquement française. Surtout à l’époque.

  2. j ai regardé le film concernant sabine. a l’époque j’avais été boulversée.
    Aujourd’hui je suis en colère car l’état de Sabine n est pas unique; la plupart des établissements pour adultes ne sont pas adaptés pour ces jeunes adultes, les éducateurs ne sont pas formés et ces jeunes sont dans l’errance pour finir en psychiatrie.
    ce que je dis je l’ai constaté de visu.Directrice d un établissement ou tous les éducateurs sont formés à l’autiste je pleure de voir nos enfants devenus adultes finir en psychiatrie ou rendus aux parents pour troubles du comportement.Ces jeunes sont sans projet ni emploi du temps ni considération humaine.
    comment agir ?

  3. J’ai visionné ce film,il y a quelques années, son message m’est allé droit au cœur. Quel courage d’avoir réalisé un tel film avec une telle compétence. Je dis cela car notre fille Edwige, actuellement 32 ans est autiste, diagnostiquée qu’à l’âge de 18 ans.Elle à été orientée de centre en centre non adapté, est descendue à 32 kg de poids,suite à cela,nous avons du la reprendre à la maison, sur le conseil du psychiatre du centre, il y a maintenant 8 ans.Nous lui avons ammenage un studio très sympa au même étage que notre logement, car elle ne peut pas être autonome d’aucune manière. Elle a subi dans sa scolarité complètement inadaptée des harcèlement et de la maltraitance, car, non encore diagnostiquée il y avait partout de l’incompréhension. Les commentaires, et surtout le film sont criant de vérité. Bravo félicitations pour la réalisation d’un tel film qui eclaire d’une manière si réelle sur le problème de l,’autisme. Je peux le dire par expérience avec mon épouse, car nous le vivons au quotidien.
    J’aurais juste un souhait qui me tient à cœur.
    EST-CE POSSIBLE DE POUVOIR SE PROCURER LA VIDÉO DE CE FILM ?SI C’EST LE CAS, OÙ ET COMMENT, À QUEL PRIX. MILLE MERCI D’AVANCE

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