Michel Rocard, l’ancien Premier ministre de François Mitterrand de 1988 à 1991 est décédé aujourd’hui à l’âge de 85 ans. Il fut l’inventeur du RMI et de la CSG.
Père de la « deuxième gauche » et figure de la Ve République, Michel Rocard a vécu une longue et tumultueuse carrière politique qui l’a laissé assez loin de son rêve, l’Élysée, où ira son grand rival François Mitterrand dont il fut le Premier ministre de 1988 à 1991. Se qualifiant de « social-démocrate de dialogue », il entendait incarner une vision rénovée de la gauche, portée par une forte exigence morale, prenant en compte « les contraintes de l’économie mondialisée » sans « renoncer aux ambitions sociales ».
Leader de l’UNEF avec le courant des minos très engagé contre la guerre d’Algérie, fonctionnaire dénonçant sous le pseudonyme de Servet la sale guerre, rompant avec la SFIO de Guy Mollet pour les mêmes raisons. Fondant avec Pierre Mendès France et Edouard Depreux le PSU, il en devient le Secrétaire général réalisant un score remarqué à l’élection présidentielle de 1969. Michel fut l’un des fondateurs d’un courant original dans le socialisme français. Ce courant prit son envolée après 1974 et son retour au Parti socialiste via les Assises du socialisme qui virent la CFDT d’Edmond Maire et le PSU de Michel Rocard rejoindre le PS.
Après avoir été plusieurs fois ministre en 1981 et 1985, il fut nommé à Matignon en mai 1988, où un certain Manuel Valls est en charge de la presse. Dès juin 1988, il obtient la signature des accords de Matignon actant les droits de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination alors que l’île est en proie à une situation violente. Sur le front social, il instaure le revenu minimum d’insertion (RMI), après un vote unanime de l’Assemblée en octobre 1988. Deux ans plus tard, c’est la CSG, un nouvel impôt prélevé à la source dont l’assiette recouvre tous les revenus (du travail ou du patrimoine), qui voit le jour. On peut aussi créditer son bilan du premier «livre blanc» sur les retraites. Le 15 mai 1991, François Mitterrand lui demande de démissionner.
Michel Rocard devient premier secrétaire du PS après la déroute du parti aux législatives de 1993. Expérience ratée, il ne restera que quelques mois rue de Solférino et devient député européen en 1994 après avoir conduit la liste socialiste aux européennes (14,5%) dans un contexte très défavorable où il doit subir la concurrence d’une liste Bernard Tapie.
Le parti bascule dans les mains d’Henri Emmanuelli avec l’aide de Laurent Fabius. Pour Michel Rocard, la roue a tourné et le rêve d’une nouvelle chance présidentielle, en 1995, semble définitivement s’éloigner. Cela ne l’empêchera pas en 2008, de proposer à Ségolène Royal, qu’il jugeait inapte, de se désister en sa faveur pour épargner une nouvelle déroute à la gauche. Il se prononce ensuite pour une alliance avec François Bayrou. En vain.
Michel Rocard, figure tutélaire de Terra Nova, crée ensuite en 2012 le Collectif Roosevelt, avec Stéphane Hessel, Edgar Morin et l’économiste Pierre Larrouturrou.
Ce porte-drapeau du « parler-vrai », auteur de nombreux essais, avait inscrit son parcours en parallèle, puis en opposition, à François Mitterrand, à tel point qu’on a parlé entre eux de « haine tranquille » : « le mépris profond que je porte à son absence d’éthique est compatible avec l’admiration totale que j’ai pour sa puissance tactique », disait Michel Rocard. Il a été longtemps structuré par l’inébranlable conviction d’être un jour président, précisant toutefois, en 1988, qu' »il y a un doute sur le quand ». Mais François Mitterrand, et certaines maladresses, l’en ont empêché.
Michel Rocard n’a jamais cessé, tout au long de sa vie, de mêler trois réflexions : la gauche, la France, l’Europe.
L’ancien Premier ministre était impressionnant d’intelligence et de pugnacité. Sa voix manquera.
sources : http://www.parti-socialiste.fr – http://www.liberation.fr – http://www.lepoint.fr
Rocard n’est pas la meilleure référence socialiste, la rose blanchissait déjà…