Gauche : un sursaut nécessaire

Dans un texte publié sur le blog de Mediapart, un collectif de syndicalistes, de militants politiques et d’intellectuels exhorte à refonder la gauche, déplorant que les « logiques d’affirmation des identités partisanes » aient pris le dessus, « réduisant dramatiquement le poids de la gauche dans la vie politique ». Ils disent avec raison que « nos luttes doivent trouver un débouché politique » et invitent à « débattre ensemble de toutes les questions à venir sans tabous et à préparer l’alternative majoritaire ».

Sans unité, rien de grand n’est possible !

Gauche : un sursaut nécessaire

A la veille des élections européennes, rarement la gauche n’a été en aussi mauvais état. Les logiques d’affirmation des « identités » partisanes qui ont pris le dessus se sont combinées avec l’incapacité à proposer une perspective d’espoir.

La conséquence est un poids dramatiquement réduit de la gauche dans la vie politique.

Sortir de la spirale de l’éclatement, refonder une perspective d’espoir pour le XXIème siècle : voilà l’urgence.

C’est d’autant plus nécessaire que le petit monde qui dirige l’Union européenne sous l’autorité des gouvernements est glaçant : une seule discipline économique, une seule politique de plus en plus autoritaire. Pas de choix démocratique possible contre les traités, a dit le Président de la Commission. Résultats : la tragédie grecque, l’explosion du Brexit, les milliers de morts en Méditerranée, la montée des inégalités, le chômage et la misère, la poussée des nationalismes et de l’extrême droite avec des discours simplistes basés sur le mensonge, la haine et le rejet de l’autre.

Pourquoi choisir les uns plus que les autres, se demandent nombre d’électeurs et d’électrices ? En effet, plusieurs listes à gauche combattent la dérive ultra-libérale de l’Union européenne avec des arguments convergents. La tentation de l’abstention, qu’il faut combattre, est plus forte que jamais.

Alors que les aspirations sociales, écologiques et démocratiques n’ont jamais été aussi fortes, la Gauche s’est révélée incapable d’élargir son audience et de proposer une alternative politique crédible. De plus, nous assistons à un éclatement politique total. Et pourtant, nos forces militantes agissent souvent en commun. Et plusieurs élu·es travaillent ensemble au Parlement européen ! Pour beaucoup de nos concitoyen·es, le mot même de gauche a perdu son sens après que des gouvernements s’en réclamant ont mis en œuvre des politiques néolibérales et autoritaires. 

Un mouvement social qui appelle à faire du neuf et à converger

En France, la campagne électorale se déroule alors que le pays est secoué par un mouvement social qui a fait vaciller les institutions, le gouvernement et le Président de la République. Le mouvement des Gilets jaunes a fait trébucher Macron sur sa base électorale étroite de 2017. Va-t-on le laisser se relever et continuer sa révolution ultralibérale, en réalité un capitalisme très autoritaire ?

Cette convergence d’action est encore plus nécessaire avec l’irruption de mobilisations  de centaines de milliers de personnes sur l’urgence climatique. Les gouvernants européens font semblant de saluer ces mobilisations alors qu’ils ne remplissent même pas les engagements de l’Accord de Paris.

De même, de plus en plus de citoyen·nes et de villes sont solidaires et se lèvent aux côtés des migrant·es et des réfugié·es pour dénoncer la carence des États et leurs politiques racistes, fermant les portes aux plus vulnérables.

Les femmes, plus de la moitié de la population, ont déclenché une révolution internationale des rapports de domination trop souvent tolérés, et considérés comme naturels.

Les salarié·es font preuve d’imagination contre le travail surexploité, ubérisé, prescrit et subordonné, l’automatisation, les fermetures d’entreprises.

De nouvelles formes d’antiracisme se développent.

Progressisme/nationalisme : le faux duel

La droite macronienne essaie d’installer en France un faux duel entre progressisme et nationalisme. En réalité ce qui se profile est une défaite morale et politique devant le danger de la droite extrême, sous toutes ses formes, qui gangrène les sociétés.

Construire une alternative pour le XXIe siècle suppose de rompre avec toutes les politiques néolibérales, quels que soient les gouvernements qui les ont portées. Et, de ce point de vue, le bilan de la gauche qui a gouverné est lourd. Mais ce n’est pas suffisant car il y a aussi échec à faire vivre un nouvel imaginaire émancipateur.

Le pays est assez riche pour réaliser d’autres politiques. C’est ce qu’ont montré les luttes de 2016 contre la loi Travail « et son monde », celles pour défendre la SNCF…, et bien d’autres moins spectaculaires. Les Gilets jaunes posent aujourd’hui des urgences dont les réponses ne peuvent attendre ; de même que les enseignant·es, les parents, la jeunesse, les retraité·es.

Les mobilisations populaires sont plurielles, et produisent du sens politique. Osons associer la politique issue des luttes avec l’expérience revisitée des forces et mouvements politiques dans leur diversité et richesse. 

Construisons !

L’espérance d’émancipation vient de loin, des grandes révolutions populaires, des expériences du salariat et des luttes sociales entrecroisées. Elle vit toujours. Intégrons les données nouvelles de notre temps. Un sursaut général est indispensable.

Même si nous soutenons des listes différentes pour les élections européennes, nous proposons de construire du commun pour l’émancipation collective. C’est un chantier où toutes les bonnes volontés sont requises. La lutte des classes n’a pas disparu, ni le clivage gauche/droite. Les rapports de domination sociale, de sexe et d’origine se combinent avec l’exploitation économique. L’imaginaire écologiste doit imprégner les luttes sociales et inversement. La demande démocratique grandit partout, contre un pouvoir autoritaire et violent. La gauche n’est pas un acquis qu’il suffit d’afficher. Son sens a été dévoyé. Il faut la reconstruire dans les luttes, la refonder.

Dès à présent, beaucoup de luttes, de questions et de propositions nous rassemblent :

  • Justice sociale et climatique, même combat !
  • Égalité femmes/hommes dans le travail et toute la société !
  • Refus de toutes les formes de racisme et de toutes les discriminations !
  • Lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes, et contre l’homophobie.
  • Solidarité internationale et accueil des populations migrantes ou réfugiées !
  • Arrêt des privatisations en cascade ! Reconquête et développement des services publics et de la fonction publique !
  • Pas touche à la retraite par répartition !

Le temps presse.

Débattons ensemble de toutes les questions à venir sans tabous et préparons l’alternative majoritaire.

Nos luttes méritent de trouver une issue politique.

Nous n’avons plus de temps à perdre. C’est maintenant ! Retrouvons-nous vite en juin pour entamer ce processus de reconstruction. 


Premiers signataires :


René Agarrat, citoyen militant réinventer la gauche Marseille ; Pouria Amirshahi, Président de Politis ; Gérard Aschieri, syndicaliste ; Etienne Balibar, philosophe ; Fatima Benomar, militante féministe ; Jean-Yves Billoré-Tennah, Maire de Tôtes (76) , Génération.s, Candidat aux élections européennes sur la liste du Printemps Européen ; Laurence Boffet, conseillère d’arrondissement Lyon 1er- Ensemble ! ; Jean-Claude Branchereau, syndicaliste ; Patrick Brody, syndicaliste ; Michel Cahen, directeur de recherche CNRS, Bordeaux. ; Jean Combasteil, ancien député et ancien maire de Tulle ; Armand Creus, Ensemble ! ; Christophe Delecourt, syndicaliste ; Gilles Desseigne, syndicaliste ; François Dubreuil, EELV, Unis pour le climat ; Olivier Dupuis, syndicaliste ; Michèle Ernis, Conseillère municipale Saint-Etienne du Rouvray- Ensemble ! ; Emile Fabrol, NPA ; Olivier Frachon, cadre ; Frédéric Genevée, historien ; Karl Ghazi, syndicaliste ; Jean-Marie Harribey, économiste ; Pierre Khalfa, économiste ; Jean-Yves Lalanne, maire de Billère (64) , GDS ; Jacques Lerichomme, syndicaliste ; Thierry Lescant, syndicaliste, féministe ; Jean-Claude Mamet, militant d’Ensemble ! ; Philippe Marlière, politiste ; Georges Martel, secrétaire général Cap à Gauche 19 – sec adj C6R – Animateur Cercle Jean Poperen ; Christiane Marty, chercheuse ; Gus Massiah, économiste, altermondialiste ; Anne Mejias de Haro, syndicaliste ; Jean Philippe Milesy, militant de l’économie sociale ; Franck Mouly, PCF ; David Nakache, Président de Tous citoyens (Nice) ; Willy Pelletier, sociologue ; Gérard Perrier, syndicaliste, club Réinventer la Gauche (Marseille) ; Jacques Rigaudiat, économiste ; Suzy Rojtman, militante féministe ; Eric Thouzeau, conseiller régional GDS des Pays de la Loire ; Aurélie Trouvé, altermondialiste ; Marie-Christine Vergiat, députée européenne sortante, Gauche Unie Européenne ; Jérôme Vérité, Syndicaliste Transports, candidat sur la liste Génération.s ; Denis Vicherat, éditeur, Les Editions Utopia ; Patrick Viveret, philosophe, militant associatif

2 Comments

  1. Il s’agit aujourd’hui de rassembler la gauche.Pour ce faire il faut des rassembleurs non sectaires,animés par le désir d’agir en faveur de l’intérêt général,en faveur de l’intérêt supérieur de notre pays.Notre pays va mal,jamais peut-être depuis 1945 la France n’a eu autant besoin de la gauche.Nous n’avons plus le choix:soit Macron soit Le Pen.Eviter cette issue catastrophique signifie de RASSEMBLER la gauche sur la base d’un programme minimal et fédérateur ,sur la base d’un programme de salut public (républicain,social & écologique).Tout doit être fait pour éviter le désastre démocratique qui s’annonce dans 2 ans ½ pour nous-mêmes,pour la gauche,pour la France !

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