La page Facebook officielle de Siné Mensuel annonce que le caricaturiste Maurice Sinet, plus connu sous le nom de Siné est mort. Il avait 87 ans.
Hier, Siné s’exprimait sur le site de Siné Mensuel à propos de sa maladie dans une tribune intitulée « Ça m’énerve grave » :
« Depuis quelque temps, vous avez dû remarquer que je ne nageais pas dans une joie de vivre dionysiaque ni dans un optimisme à tous crins, ce qui est pourtant mon penchant habituel. Je ne pense, depuis quelque temps, qu’à ma disparition prochaine, sinon imminente, et sens la mort qui rôde et fouine sans arrêt autour de moi comme un cochon truffier. (…) C’est horriblement chiant de ne penser obsessionnellement qu’à sa mort qui approche, à ses futures obsèques et au chagrin de ses proches. »
Le caricaturiste avait déjà tout prévu. Il y a quelques années, il avait en effet acheté sa sépulture, qui se trouve dans la 30e division du cimetière de Montmartre, à Paris. Un bronze représentant un cactus en forme de doigt d’honneur surmonte un caveau pouvant accueillir jusqu’à 60 urnes funéraires. Une épitaphe a été gravée sur le socle : « Mourir ? Plutôt crever ! »
Rédigé lors d’un séjour à l’hôpital il y a quelques années, un texte intitulé « Mes dernières volontés » va jusqu’à préciser le nom du producteur du beaujolais qui sera offert aux convives lors de ses funérailles. Le vieil anar y parle aussi de… réincarnation, puisqu’il se voit renaître dans la peau d’un bonobo.
Avant de fonder son journal, Siné avait été une figure historique de Charlie Hebdo. Mais, taxé d’antisémitisme, ce qu’il réfutait, il fut écarté en 2008 de l’hebdomadaire par le directeur de la publication Philippe Val.
L’affaire, qui fit grand bruit, était partie d’une chronique dans laquelle Siné ironisait sur la conversion éventuelle de Jean Sarkozy, fils du président, au judaïsme avant son mariage avec la fille du fondateur des magasins Darty. Journalistes et intellectuels s’étaient alors divisés entre pro-Val et pro-Siné.
Siné avait cependant été relaxé par le tribunal correctionnel de Lyon, qui considérait qu’il avait usé de son droit à la satire, et avait fait condamner Charlie Hebdo pour préjudice moral et financier.
Après son départ de Charlie Hebdo, il fonda Siné Hebdo, mais le magazine ferma rapidement. En 2011, en dépit d’ennuis de santé, il lança Siné Mensuel, qui, malgré des difficultés financières, existe toujours.
Athée pratiquant, je ne peux que rendre hommage à Siné ce soir.
source : http://www.lemonde.fr
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